Dernier témoignage des récits de prématurité du vendredi. Le 10ème. Différent cette fois ci. J’ai écouté le récit d’Isabelle, au téléphone, j’ai pris des notes, j’ai essayé de me mettre à sa place, j’ai essayé d’écrire au mieux son histoire, et je vous retransmets, à travers mes mots…
Merci Isabelle pour ta confiance…
Elle s’appelle Isabelle. Elle a 36 ans. Age auquel avoir un enfant n’est pas toujours évident. Après de longs mois d’essais et divers examens, ils sont passé à la PMA.
Une FIV. Une échec. Deuxième FIV. Une victoire.
Que dis-je… Deux petites victoires au creux de son ventre. Deux bébés, dans deux poches distinctes. Des jumeaux, quel beau cadeau!
Début de grossesse revé. Des bébés bien suivis, tous les mois. La grossesse géméllaire reste bien encadrée : Tests divers, prises de sang, suivi gynécologique, échographies tous les mois…
Au bout du 2è mois, Isabelle apprend qu’elle sera maman d’une fille et d’un garçon ! LE choix du roi !
Tout se passe normalement, les parents sont toujours conscients que des jumeaux naissent rarement à terme. Ils sont prévus pour fin février, le 26 février.
Isabelle est tout de même mise en arret dès le 3eme mois de grossesse, le col est mou, les contractions bien présentes. Il ne faut rien faire, se reposer. Facile à dire…
Isabelle a quand même le droit de participer à des cours de préparation à la naissance en piscine.
Nous sommes début décembre.
Isabelle est enceinte d’un peu plus de 6 mois.
Le mardi, rendez vous avec la gynécologue « Tout va bien, reposez vous 2/3 jours un maximum, il le faut »
Le vendredi, échographie. L’échographe annonce « Votre fille est déjà en position, à mon avis, je ne vous verrais pas pour une prochaine écho »
Isabelle en rit, « Oh, arrêtez, mais bien sur qu’on se verra le mois prochain, je n’accouche que dans 2 mois et demi ! »
Le jour suivant, Isabelle et son mari se rendent chez une amie à plusieurs kilometres de leur appartement. Elle vient chercher de svetements pour ses bébés.
Lorsqu’elle sort de la voiture, elle sent quelque chose descendre tou d’un coup et remonter aussitôt. Difficile à décrire. Pas d’inquiétude, les jujus commencent à peser leur poids ! Arrivée chez son amie, elle file aux toilettes. Etre enceinte, cest aussi ça : Une vessie de souris !
Puis elle s’allonge sur la méridienne, appliquant soigneusement le conseil de sa gynéco « reposez vous un max ». 15 minutes plus tard, l’envie revient. « Ohala, mon périnée va avoir besoin d’une serieuse rééducation après a naissance », dit-elle, en rejoignant les toilettses.
Son sourire cessa une fois arrivée là bas, elle est tempée, le liquide est clair, inodore. « Chéri, on a un problème »
Direction l’hopital de Meaux, heureusement capable d’accueillir des tres grands prématurés.
Rien n’est prêt ! Pas de valise, pas d’affaires… « Je ne PEUX PAS accoucher », cesse de se répeter la future maman, à la fois surprise et angoissée. Le dossier médical ets heureusement dans la voiture. Ils arrivent à l’hopital, la sage-femme prend Isabelle à part et lui demande si elle n’a pas été victime de mauvais traitements. Elle répond que non, un peu contrariée, mais il parait que c’est la procédure…
On lui annonce que la poche des eaux est rompue. Une seule poche. Celle de sa fille.
Aussitôt, l’angoisse refait surface. Et les poumons. ? Et le liquide amniotique ?
« Ne vous en faites pas, pendant 5 semaines, nous sommes capable de surveiller et renouveller le liquide madame ». Ouf. 5 semaines. Isabelle se détend, elle accouchera donc dans plus d’un mois. Pas tout de suite. De toutes facons, elle en est incapable…
Elle en est à 6 mois de grossesse.
On s’occupe d’elle, on lui fait une piqure pour la maturation des poumons. La nuit, Isabelle n’arrive pas à dormir. « Mes bébés tiendront-ils le coup ? Seront-ils viables ? Tiendront-ils encore 5 semaines ? » Son mari est sommé de rentrer à la maison, plusieurs dizaines de km plus loin. Elle reste seule, avec son mal de ventre, ses questions, ses angoisses.
Non, elle ne va pas accoucher. En plus, personne ne lui a laissé croire cela. Elle ne savait pas que le personnel ne voulait pas l’affoler, ils voulaient qu’elle se prépare doucement à l’éventualité d’accoucher de très grands prématurés.
Elle est n’est pas prete.
« Mais votre fille, elle, est prête ! Si elle perce la poche, c’est qu’il y forcément une raison ! » entend-elle.
Le matin du dimanche, à 7h, des intenses douleurs apparaissent. On compte. 5 minuts. C’est stable, régulier, douloureux.
8h30: « On vous descend »… Non, c’est pas possible. « Si, il le faut ». Isabelle appelle son mari, encore déconnectée de la réalité (“Prend ton café, tu as le temps” dit-elle)
A 6 mois et demi de grossesse, Isabelle n’a pas eu le temps de faire son rendez vous avec l’anesthesie, on lui pose donc les questons entre deux contractions.
Il y a un monde fou dans la salle d’accouhement. L’équipe est doublée pour des jumeaux, et encore plus pour des grands-prémas. Elle se croirait presque dans un zoo, les gens attroupés autour d’elle…
Tout s’accelère. On lui explique qu’elle ne verra pas ses bébés, qu’ls seront en premier soins, en réa-néo-nat, on lui pose la péri, on parle de césarienne, puis non, les bébés sont mal positionnés, on lui pose un masque.
Son mari est « ejecté » de la salle d’accouchement, trop de monde ils ont peur de sa réaction. Dans le couloir, il restera, frustré, éloignée de sa femme et des ses futurs bébés…
A cause du masque, tout devient flou, comme dans un mauvais rêve… Isabelle entends des voix, sans vraiment écouter, elle a mal, mais baigne dans le bonheur. Elle est tout simplement défoncée, limite euphorique et ne se rend compte de rien.
Elle est en train d’acoucher, 2 mois et demi avant son terme.
« Accrochez vous et poussez » sont les seuls phrases qu’elle arrive à se remémorer. Elle ne voit pas ses bébés.
Il est 11h04 et la petite B naît.
Il ets 11h 07 et le petit M naît
B pese 1,350 kilos pour 36cm
M pese 1,410 kilos pour 40cm
Elle reprends ses esprits 10 minutes plus tard, 10 minutes trop tard. Pas de nouvelles de ses bébés. Elle sait juste qu’ils sont en soin en incubateur. Son mari l’informe qu’ils vont bien. C’est à 16h qu’elle les voit réellement.
« Il ne faut pas se bercer d’illusion, ils sont très fragiles, tout peut arriver » snont les premieres phrases qu’elle entend. Avec ces mots et le fait de ne pas pouvoir les prendre dans les bras, difficile de reussir à s’attacher à ces petits etres.
Vivre « au jour le jour », tel est la devise de la réa-neo-nat.
Service stérile, accès resteint et controlé, tout un parcours pour y accéder, et puis deux « petites choses » en couveuse. On passe le bras à travers les incubateurs. Il ne faut pas les caresser, mais les “contenir”, comme pour leur rappeller la sécurité in-utéro.
Les bébés sont reliés de partout. Isabelle apprend à s’occuper d’eux. Toilette des yeux, changement de couche, tout A TRAVERS l’incubateur.
Elle peut enfin, le lendemain, tenir sa fille dans ses bras.
Son fils est trop faible, pas prêt.
Puis vient le peau à peau, cette douce sensation d’être enfin maman.
Et cette envie d’allaiter. Mais les bébés sont trop faibles, ca sera donc tirage de lait. Double pompage. Le 3 eme jour, Isabelle est cordialement priée de partir de sa chambre. Plus de place pou elle.
Jetée. Inutile. Isabelle vit trè mal les premiers jours de séparation. Même s’ils sont entre de bonnes mains, ce ne sont pas encore « ses bébés », ce sont les bébés de l’hôpital.
Ils ne lui appartiennent pas. Elle devra faire quotidiennement plusieurs dizaines de km pour aller voir ses bébs plume.
Une des choses les plus difficiles à supporter pour les mamans de bébés prémas, c’est d’accepter de leur faire du mal, pour leur bien… Ce n’est pas juste pour eux, ces petits bébés qui n’ont rien demandé, mais qui à peine nés, doivent subir toutes sortes d’examens, de prises de sang, de prelevements… Ils sont en vie, mais il fut les y aider, qu’ils survivent.
La sortie de la rea-néo-nat est une victoire !
Enfins transférés a coté de chez eux. Petite B est débarrassée de ses machines, mais petit M a mal vécu le transfert, il a besoin d’oxygène. Ils ne sont pas encore complètement sortis d’affaire. Ils n’ont que 15 jours. Ils entrent en néo-nat, ou ils resteront 1 mois. Petite B arrive à teter, mais M prefère les biberons de lait tirés. Pas évident d’allaiter des jumeaux, encore moins des jumeaux prématurés dans une unité de soin avec la maman en externe.
Début févrirer, ils rentrent enfn chez eux. Ils ne devraient même pas être déjà nés, mais ils sont là, ont 1 mois et demi, n’ont plus de sonde, un poids normal, ils sont stables, c’est le début d’une noubvelle vie, en famille.
Ils ne seront jamais pourquoi la poche des eaux s’est fissurée à 6 mois de grossesse. La FIV peut être une cause, l’âge aussi. Ou pas. En fait, ça peut arriver à toutes les femmes.
Au jour d’aujourd’hui, B et M ont 21 mois, Petit M a eu un léger problème psychomoteur qui a été vite dépisté donc vite rétabli.
Il est dans la moyenne basse des courbes, B est dans les moyennes hautes. Leur naissance reste un incroyable souvenir.
Brutal, surprenant, angoissant, mais quand même heureux.
La recherche progresse, et tant mieux.
40 ans en arrière. M et B seraient décédés.
Manque de connaissances, de techniques et de possibilité de soins. Leur douleur auraient été ignorée, pas prise en compte. On a de la chance aujourdhui de donner le meilleur à nos bébés prématurés, mais de nombreux points sont à améliorer. On a besoin de plus de dépistage, de plus d’unités de soin spécialisées, d’un meilleur accueil pour les parents, de vrais efforts sur les lactariums.
Isabelle encourage toutes les mamans à donner leur lait, les bébés en ont besoin. Elle a donné son lait dans son lactarium, en plus de nourrir ses bébés pendant 5 mois. Pour elle aussi, aider les autres bébés qui ont besoin de lait maternel était tellement naturel pour cette maman qui comprenait les besoins en lait de ces unités.
Elle a aussi redonné à l’hopital tous les habits taille « préma » de ses enfants, le service néo-nat en a besoin, elle invite toutes les mamans a également donner des bodys, des pyjamas, taille “mini” car lorqu’on accouche d’un bébé de 36cm, on a pas de vetements adaptés, on ne l’a pas prévu, on est désemparée…
Quand à moi, je vous encourage, pour la dernière fois, à donner quelques euros pour faire qu’un jour, dans quelques années, 100% des bébés prématurés survivent…
Après-dmain, je me rends sur Paris avec la “Team Saturnain” pour marcher avec les parents des bébés prématurés.
Si vous habitez dans la RP, vous pouvez venir, envoyez vite un mail à contact@marchedesbebes.fr
J’en profite pour remercier toutes les mamans qui ont partagé leur récits (à lire ICI). Je les ai tous relus, j’ai beaucoup pleuré…
Merci Isabelle, Bertille, Anaïs, Marie-Laure, Marie, Amandine, Mylène, Cindy, Emmanuelle et Christelle.
Qu’ils soient nés à 35sa, 33, 32, 30, 28, 27 et même à 25sa, ils se sont battus, ils ont vécu.
Ayons une pensée pour Gabriel, Elena, Enzo, Lilian, qui n’ont pas gagné cette lutte. Petits anges, vous vous êtes battus, mais la science ne peut pas encore tout vaincre.
C’est pour eux qu’on se bat, pour eux que j’ai ouvert mon blog aux récits des mamans, ouvert mon coeur, et pour eux que je vais marcher dimanche, espérant ramener à la fondation une jolie cagnotte.
C’est le dernier article, et votre dernière opportunité de donner. Quelques euros aujourd’hui, pour beaucoup d’heureux demain…
Je me suis rendue compte que mon blog est une formidable vitrine gratuite pour toutes les associations, les causes méconnues, les actes caritatifs qui méritent d’être connus. si vous avez une histoire à raconter, sur une maladie, une expérience de maman, une cause personnelle, si vous pensez que VOTRE histoire peut faire réfléchir, et faire avancer les choses, n’hésitez pas à me contacter, les “Récits du vendredi” continueront de manière ponctuelle.
A bientôt, et bon vendredi <3
<3
Merci a toi d’avoir partager tous ces récits <3
Merci pour tous ces récits, qui ne font pas peur, mais qui pose une réalité mal connue.
merci pour tous ces récits tres emouvants
mon neveu est né y a presque 3 ans maintenant avec 2 mois d’avance il pesait que 1.320kg mais aujourd’hui c’est un petit garcon tout à fait comme les autres c’est notre pirate
Je n’avais jusqu’à présent jamais “osé” commenter, mais je tenais juste à faire un petit clin d’oeil à ses mamans formidables qui m’ont mis les larmes aux yeux chaque vendredi en leur racontant une petite anecdote, mon meilleur ami mesure 1m96, pèse près de 100 kg, court tous les jours, il a une fille magnifique, et certains disent de lui que c’est une force de la nature.
Il a aujourd’hui 39 ans mais est né à 6 mois à peine de grossesse …
Seul signe de cette épreuve, une cicatrice dans le cou, à l’époque le matériel médical n’était pas adapté aux bébés prématurés….
J’en ai la chair de poule. Beau récit, histoire narrée avec simplicité et douceur. Poignant de réalité. Merci de partager tout cela.
merci …. pour ce joli message <3 <3
Bonsoir,
Je suis tombée sur la page facebook et ai parcouru les derniers articles avant de tomber sur celui-ci, très touchant. Mais je tiens à apporter le miracle de ma famille… Ma grand-mère et sa soeur (fausses jumelles) sont nées le 11 septembre 1933 à un peu plus de 5 mois de grossesse, elles ne faisaient même 1kg chacune… Elles ont fêté cette année leur 80 ans, sont toutes les 2 dans une forme raisonnable pour leur âge, et ont connu la joie d’être arrières grands mères à un jour près, Erwan a eu son petit Ewen le 29 septembre 2012 à 22h42, et moi, Delphine j’ai eu mon petit Victor le 30 septembre 2012 à 8h33!
Bonne continuation et continuez à dire ce que toute maman normalement constituée pense 😉
Merci du fond du coeur pour tous ces récits!! Une pensée pour toutes les mamans, leurs maris et surtout leurs bébés qui ont participé ici et qui ont eu des expériences semblables! Ca peut arriver à tout le monde, malheureusement certains bébés ne gagnent pas la bataille… Histoire très touchante celle de Lexy, je ne sais plus laquelle c’était…