Je laisse la parole à Nathalie, une femme formidable qui m’a vraiment émue. Etre parent, c’est parfois un rêve inaccessible, voici le récit d’une femme courageuse et de son mari qui se battent pour devenir parents…
“”
Bonjour à tous , tout d’abord merci à toi Valérie de me permettre de témoigner de notre histoire avec Laurent mon mari .
J’ai aujourd’hui 34 ans et lui 35. Nous sommes mariés depuis 4 ans, et ensemble depuis 11 ans, et bien sûr, nous avions l’envie de fonder une famille depuis fort longtemps , mais avec mon obésité, cela ne marchait pas !
Après 4 ans d’essai infructueux, en juillet 2013, je décide de faire un by pass.
L’été se passe et je perds pas mal de poids. Apres 40 kilos de perdus et un retrait de stérilet en octobre 2014 , je me retrouve enfin enceinte début janvier 2015! Tout se passe bien on est comblés au anges , on crie a la terre entière notre bonheur , je le sent bouger pour la 1 fois le 30 avril 2015 !
Janvier 2015 à avril , oui les échos se passaient super bien, tout allait très bien même!
Je n’avais vraiment aucune crainte avec mon by pass, et comme je suis plutôt une positive de la vie, j’ai passé un très bon premier trimestre!
Seulement voilà… Une nuit, je suis réveillée par des contractions inhabituelles. Nous sommes le 2 mai. On fonce aux urgence, une sage femme dont j’oublierai jamais le visage me dit
- “Mais ce n’est rien du tout c’est les muscles de votre utérus qui travaillent”.
- “Ok mais vous ne me faites pas d’écho?”
- “Non, pourquoi faire? Tout va bien je vous dit, prenez du spasfon!”
Nous n’avons pas insisté car bêtement, nous avons cru la sage femme.
Je suis en plein milieu de mon 4è mois, (17 semaines de grossesse).
On rentre et je dis à mon mari que j’ai peur. Je connais mon corps quelque chose se passe …
Le lendemain le 3 mai 2015 sous ma douche je sent le cordon …. On file aux urgences où on me dit “Vous perdez votre bébé !”.
Mon état d’esprit quand j’ai senti le cordon était vraiment au plus mal, mais je restais positive, je m’interdisais de ne plus y croire , même si je savais notre bébé perdu… Mon Eden…
La sage femme me dit: “Vous êtes obligée d’accoucher naturellement si on ne veut pas abîmer votre utérus…”
Heureusement Laurent était présent. J’ai accouché debout dans les toilettes de ma chambre d’hôpital ou plutôt de ma salle de travail. C’est lui même qui m’a forcé (avec ma soeur) pour prendre deux comprimés quelques heures plus tôt pour faire partir Eden.
Alors après 5 heures de travail, de contractions, de pleurs, j’ai senti une petite boule chaude descendre, on m’a demandé de pousser… Je ne pourrais jamais oublier cette petite boule chaude que j’ai sentie glisser entre mes jambes, et la sage femme crier “Vite un bassin, putain vous n’auriez jamais du vivre ça !!!“.
Notre petite fille Eden aura appris à voler avant de marcher , la vie lui aura pas laissé sa chance ….
Notre couple a survécu a cette douloureuse épreuve et l’amour de nos proches.
On apprendra plus tard que j’ai une béance du col et que pour ma future prochaine grossesse il faudra faire un cerclage .
L’été se passe, on essaie de voir la vie du bon côté, on pense à l’avenir, et on espère qu’une nouvelle grossesse viendra nous combler de joie.
Je suis de nouveau tombée enceinte le 21/22 décembre 2015 de Joséphine! Cadeau de Noël en avance!
Je l’ai su avec une prise de sang et surtout de gros doutes. J’ai fait le test un jeudi en fin d’après midi, le 7 janvier. Je l’ai gardé 2 heures pour moi seule avant de l’annoncer à Laurent. Il a pleuré dans mes bras, heureux comme tout!
Mais par superstition, nous sommes restés très discrets tous les deux même si en nous, on explosait de joie!
Cette fois ci, nous avons mis très peu de monde au courant (bien que mon corps commençait à parler pour moi!).
Comme je le savais, on m’a posé un cerclage fin mars 2016. Mon premier trimestre était terminé.
Mi avril, j’ai du être hospitalisée car mon col était raccourci. Personne ne voulait risquer quoi que ce soit, j’ai donc du rester alitée, avec interdiction de bouger. Je respecte à la lettre les conseils de l’équipe médicale, je la sens bouger le 3 mai.
Notre petite Joséphine est prévu pour le 23 septembre 2016, et nous sommes très heureux!
Le cauchemar revient le lundi 9 mai.
J’attrape une infection au col, qui se transforme en septicémie. La gynéco ne se pose pas la question et me fait accoucher naturellement, j’en suis à 5 mois de grossesse.
Le cauchemar recommence. La péridurale ne fonctionne pas, je sens les contractions de plus en plus! Devant mes douleurs et aprés 11h de travail, la sage femme prends pitié et m’aide à en finir.
A 5h45 du matin, notre petite Joséphine est enfin née vivante, mais non viable.
Une piqure va l’endormir pour toujours…
Ma Joséphine était en vie, mais n’aurait pas pu vivre longtemps, c ‘est la gynégo qui lui a fait une piqure afin qu’elle parte pour toujours…
Je n’ai pas vraiment d’explication. Pour cette infection , on me dit que le cerclage est un corps étranger, alors, pour certaines femmes ça passe et pour d’autres non. Encore une fois, je savais les risques, ma gynégo m’avais tout dit, mais je savais aussi que ma grossesse n’irai jamais au bout sans cerclage. Pour se débarraser de cette infection, Joséphine dans le ventre me la renvoyait, ce qui tourné en septicémie pour moi.
Ma gynégo à comme a son habitude été trés directe en me disant “On va stopper la grossesse. Joséphine vous contamine, c ‘est elle ou vous deux! On a plus le choix” ….
Encore une fois notre vie s’éffondre.
On n’ y croit même pas. Plusieurs fois je dis à ma gynéco: “Pincez-moi, je fais au cauchemar!”
Mais non. Elle est née entre 22 et 23 semaines, vivante, et elle a du se battre jusqu’au bout jusqu’a cette horrible piqûre (nous n’étions pas présents quand elle l’a “endormie”).
On retraverse cette épreuve avec Laurent, main dans la main, soudés plus que jamais, avec des bas parfois …
Ce sentiment de femme, de culpabilité, de se dire “C ‘est ma faute, j’ai loupé quelque chose, pourquoi je n’ai pas réussi ? Tu sera jamais papa a cause de moi, plus jamais je veux tomber enceinte” (même si la gynéco nous dit qu’il y a d’autres types de cerclage , on n’arrivera pas à surmonter cette épreuve une 3è fois, si il devait en avoir une autre… Non non on peut pas!).
Nous avons forcément très mal vécu ces périodes! Pour Eden, la tentation d’en finir tous les 2 en voitures nous a souvent traversé l’esprit, mais n’avons jamais franchi le pas, car l’amour de nos proches l’a toujours emporté!
Administrativement , nous n’avons pas voulu les enterrer, on a laisser les hôpitaux s’en occuper. Eden a été incinérée à Toul et ses cendres sont au cimetière de Nancy et Joséphine à Reims et ses cendres au cimetières de Neuvillette. J’ai regretté de pas avoir reconnu et inscrite Eden sur notre livret de famille , alors nous l’avons fait pour Josephine.
J’ai trés mal vécu l’annonce de grossesses autour de moi, je ne pouvais pas voir de ventre rond autour de moi , jusqu’un jour où je me suis dit que je n’avais pas le droit de réagir comme cela car ces femmes n’y sont pour rien, de notre vécu , et qu’une naissance c’est l’amour, c’est la vie, et que je n’avais pas à leur en vouloir !!
Aujourd’hui je vis quotidiennement avec une femme enceinte, ma collègue devenue une amie qui me partage avec délicatesse sa grossesse!
Alors, comment construire un avenir? Comment fonder une famille et être enfin heureux?
En décembre 2016, nous nous rendons à notre première réunion d’adoption.
Je sens que Laurent est prêt mais pas moi. Mon deuil n’est pas fini, je ne peux pas, j’ai un sentiment d’abandonner Eden et Joséphine…
Parce que il m’aime, il me comprend et attend que cela murisse dans ma tète.
Après plusieurs mois de réflexions je prends conscience que oui, je veux un enfant, non pas pour “remplacer” mes filles mais pour lui offrir l’amour qu’il mérite, un foyer de l’intention, une deuxième naissance.
Nous ne connaissions personne qui à adopté, alors nous avons voulu partager cette merveilleuses et longue aventure. Nous avons trouvé un groupe et une page Facebook où on apprend aussi des choses!
Voilà, notre dossier est envoyé au service de l’ASE à Chalons le 4 septembre dernier.
Le 11 septembre, on reçoit un courrier pour nous donner rendez-vous avec psy en octobre. Le premier contact s’est bien passé, on la revoit bientôt en décembre, avec l’assistante sociale. Nous allons les voir plusieurs fois par mois, et enfin, notre dossier passe en commission en mai!
Nous sommes des personnes avec une joie de vivre permanent (malgré notre vécu) mais on se prépare a un refus.
Si c’est le cas, on fera appel. On se prépare aussi a un oui mais que ce projet ne se réalise peut être pas ,car même si on a l’agrément , ce n’est pas pour cela qu’au aura cette chance d’accueillir un enfant
Nous allons également nous tourner à l’international en plus de la France, et nous accepterons des enfants avec des particularités! Notre désire est d’être heureux en famille, c’est tout simple.
On souhaite juste adopter un enfant, peu importe le pays, idem pour le sexe. Pour l’age, 4/5 ans maximum, car après, on pense que c’est un peu plus dur niveau adaptation et surtout lourd pour l’enfant avec sa dure histoire.
Il faut désormais attendre…
On est conscients que même avec l’agrément en poche, il se peut que nous n’aurons jamais cette chance et nous avons bien intégré le fait que si on souhaite adopter, ce n’est pas pour “remplacer” nos filles, que c’est notre histoire et pas la leur, que cet enfant arrivera déjà avec un lourd vécu et que cette adoption doit glisser avec nous , même si on sait qu’en âge de comprendre, on lui expliquera d’où il vient et pourquoi nous avons décidé d’adopter!
Concernant l’adoption, nous n’avons pas encore toutes les informations. Je pense qu’on rencontre l’enfant quelques jours à l’orphelinat ou en famille d’accueil le temps de se connaitre un minimum et on repart à 3 aprés (il y a encore certaines choses que j’ignore étant au début de ce parcours, mais je serai ravie d’avoir le témoignage de parents ayant adopté)
On revoit la psy pour la 2 fois mardi 12 décembre, aujourd’hui donc.
Je croise les doigts.
Comment je me vois dans un an? Je me vois avec l’agrément (oui oui toujours mon coté positif!).
Dans 5 ans, j’espère avec notre enfant et peut être une demande agrément pour un deuxième enfant !
Et oui, être mère, j’en rêve.
On rêve de nuits blanches, de petits tracas au premières rentrées, de premiers bobos ! Une vie de parents quoi !
On a aussi une famille exceptionnelle sur qui on peut tjs compter qui nous soutienne dans tout ces projets !
Ce que j’ai envie de dire aux personnes dans le même situation que nous, c’est déjà que chaque histoire est propre à soi-même, que peut-être ont-ils plus besoin de temps que nous, ou pas…
L’important c’est de bien communiquer dans son couple, d’être bien entourés, de s’armer de patience d’amour, de pas s’enfermer sur soi-même et de ne pas tourner le dos aux amis (on a d ‘ailleurs pu voir ceux qu’ils nous restaient après tout ça…)
Pour nous, adopter, c’est un long parcours mais nécessaire. C’est normal toutes ces démarches, car c ‘est déjà compliqué pour l’enfant, qui a son propre vécu, alors si il n’y avait pas d’enquête autour des parents adoptants, on ne sait pas où l’enfant pourrait tomber… Alors, même si le chemin va surement être long, on s’accroche!
Avant les fêtes, tous les ans, je me sens songeuse, je me dis qu’Eden aurait 2 ans et serait surement impressionnée par le Père Noël! Mais je me dis aussi qu’elles veillent sur nous et nous encouragent dans ce magnifique projet, qu’on ne les abandonne pas, mais qu’on continue !!
Je ne veux certainement pas qu’on nous plaigne, loin de là, car on continue de croire que la vie est belle, qu’elle vaut le coup d ‘être vécue !
Tout le monde a ses soucis et si on ne se battait pas dans la vie, ça serait trop simple !
Je voulais juste partager , échanger et peut être aider si des personnes sont dans le meme cas que nous !
Valérie, je te remercie de partager un morceau de notre vie sur ton blog, pour ta joie de vivre, ton imagination débordante, ta famille que je suis depuis quelque mois maintenant, j’ai cette sensation de te connaitre alors que non!
Si comme nous vous avez fait cette démarche hésiter pas a ma partager votre vécu !
Merci de m’avoir lu et Valérie encore de m’avoir laisser témoigner sur ton blog !
A bientôt, gros bisous.
Nathalie.
“”
Voilà, comme après chaque témoignage de parent, je suis en larmes, et je mesure la chance que j’ai d’avoir des enfants (chiantes mais) en pleine santé! Des enfants qui courent, braillent, se battent, mais qui ont la chance de grandir dans un foyer aimant.
Alors, s’il vous plait, mes parents qui me lisez, embrassez vos enfants et donner plein de bonnes ondes à Nathalie et à tous les autres parents qui essayent de faire un bébé, qui vivent une grossesse difficile ou qui souhaitent adopter.
Les autres récits de parents, qui parlent de plein de thème différents, sont ici !
Whaou ! Quel exemple de force et de courage. Merci pour votre témoignage et je vous envoie les meilleures ondes possibles pour votre nouveau projet.
Je comprends tellement ce que vous avez vécu… j’ai moi même perdu mon 2 premiers garçons à 22 et 27sa… aujourd’hui j’ai 2 autres petits garçons, ce n’était pas prévu mais la vie m’a donné une seconde chance, moi qui pensais ne savoir donner que la mort j’ai enfin pu donner la vie… Mon grand parle souvent de ses 2 grands frères « étoiles », il a même abordé le sujet à l’école quand sa maîtresse demandait qui avait des frères et sœurs. Ils font partis de la famille on parle souvent d’eux sans aucun tabou et on le fera de la même manière avec le petit dernier. Je vous souhaite tout plein de bonheur
Bonjour,je veus pas dire une bêtise mais je pense que le bypass joue aussi…Opéré d un bypass en 2014 je suis tomber enceinte en 2016 mon accouchement était prévu pour Février…J ai accouché en décembre…La cette année j attendais des jumeaux mais je n ai malheureusement pas pu les garder à cause de ma santé et mon état de fatigue qui est extrême…Je ne m en remets pas et regrette cette opération….Bon courage a vous..Je vous envoi pleins de penser positif… Cindy.
Un récit difficile à lire mais surtout tellement dur à vivre … je n’imagine pas la douleur qui a suivi l’espoir et les difficultés et douleurs physiques et psychologiques. Alors je vais croiser les doigts très fort pour eux et j’espère une fin heureuse, pleine de nuits blanches, de cris, de ralages contre un ado, bref la vie de parent. Je vous envoie plein de cœurs. Merci pour ce partage
Merci pour vos gentils commentaires , Cindy je vous assure que pour ma part le by pass a rien à voir dans mon histoire , je comprends votre douleur et d’autant plus en vette période et fete d’anniversaire ……
Véronique nous aussi nous continuons de parler d’elles car parler d ‘elles c ‘est continuer de les faire vivre , à travers leurs courtes “vie”
Merci à vous et joyeuses fetes de fin d’années
Nathalie